vendredi 17 juin 2022

Olé, con la bata roja y dorada

Nouveau dessin, toujours un peu dans le même thème ... quand on aime, on ne compte pas. 

Je représente de nouveau la danseuse de Flamenco Macarena Ramirez, d'après une photo d'Andrea Acanfora (voir son site) prise lors du festival de Flamenco de Stuttgart en 2021.

J'ai eu l'occasion de voir plusieurs fois Macarena Ramirez sur scène avec cette bata de cola (la longue robe à traîne) et j'avais très envie de la dessiner. On peut facilement trouver de nombreuses vidéos de cette artiste avec cette robe, mais peu de photo de bonne qualité malheureusement. Pour mon plus grand bonheur, le photographe Andrea Acanfora a réussi à en faire des photos que je trouve magnifiques !

La photo d'origine est le fond d'une page du site internet de la danseuse que j'ai réussi à trouver en allant bricoler des lignes de codes html pour en sortir la bonne adresse, donc je vous passe les détails ... bref, je me lance !


Classiquement, je pars sur du papier Canson Mi-Teintes Touch gris ardoise. Je reprends ma technique avec du rhodoïd pour reporter le dessin sur le papier. Comme je sais que je vais effacer une partie du dessin (le bas) avec l'usure des coulures de pigments (et un peu mes mains), je ne dessine que le haut. La suite viendra plus tard. J'utilise une photo à l'échelle du dessin (sur un tablette produite par un fabricant de fruit) ce qui me permet de repérer les zones a posteriori lors du dessin en utilisant le rhodoïd comme référence. Je fais le dessin avec des crayons fusain.


Voici le premier jet du dessin ...


Premiers jets de pastels. Toujours des Rembrandt. Classiquement, je commence par le visage.


Comme j'ai pris conscience depuis plusieurs dessins que tant qu'on n'a pas mis les cheveux, on ne voit pas vraiment vers quoi on va, je ne tarde pas. Les reflets bleus sont posés directement.


Je peaufine un peu au crayons pastel Faber Castel. Il y a un truc sur son oeil gauche (celui à droite) qui me plait moyen ... on peut noter que la zone d'appui de la main a effacé pas mal du dessin (rappel : je suis gaucher. C'est pour ça que je commence à dessiner la partie droite du dessin)


J'attaque la robe avec ses rouges très profonds et je fais des tests pour voir comment représenter les motifs dorés. Ca faisait un certain temps que je voulais refaire une robe rouge. Il y a tellement de nuances dans cette couleur ! En plus, c'est celle qui a le plus de teintes complémentaires (pas au sens du complémentaire stricte qui serait du vert, mais plutôt des teintes qui à côté du rouge vont générer des effets de réchauffement, de refroidissement, de profondeur ou de relief). Toutes les parties éclairées directement sont dans des tons violets voir violets-roses.


Comme je suis assez contente de mes motifs dorés, je poursuis. Alors il faut noter que les motifs dorés ne sont pas disposés n'importe comment sur la robe. Ils sont symétriques et produisent un dessin particulier notamment au niveau de l'encolure. Tant que je n'en avais pas attaqué le dessin, je ne l'avais pas remarqué, mais cette robe est une véritable œuvre d'art !


Premiers volants de la manche. Ah oui, autre détail : la danseuse danse avec des Castagnettes Flamenca (c'est un peu comme des castagnettes normales, sauf qu'elles se fixent sur d'autres doigts. J'en n'ai jamais fait - ni en dessin ni en vrai).


Deuxième bras (second bras ?). Les frous-frous de cette manche sont dans la lumière, d'où des teintes différentes.


Je poursuis la robe jusqu'aux volants ...


... et je représente les motifs. La zone plus sombre sur la cuisse gauche correspond à l'ombre du bras gauche. Je suis très content des retours de lumière que j'ai réussi à faire dans le pli sombre.

Les petits traits à gauche correspondent à mes essais de couleurs ... sur l'échelle des bonnes idées, on va dire que celle-ci est assez mal placée ... il y a quelques zones de pigments clairs qui ne disparaitront pas totalement avec le fond foncé (je dévoile un peu la fin ...)


Je dessine la bata (toujours à partir de la technique du rhodoïd ... c'est un peu approximatif car le dessin initial sur le transparent s'est bien estompé avec le soleil).


Et je me lance dans les volants. Les ombres font apparaître des bleus également. Je ne me pose pas trop de question et je dessine ce que je vois. Il faut néanmoins noter que même si les standards informatiques existent depuis belles lurettes pour les photos, selon l'application ou le support qu'on utilise, les teintes ne sortent pas de la même façon. Sur mon téléphone, par exemple, les violets sont beaucoup plus magenta ... j'ai opté pour des violets pas trop magenta au final et ce pour une raison technique : le pigment magenta ne résiste pas au temps ! mais pas du tout ... en quelques années, il se transforme et devient légèrement plus orangé (j'en ai parlé ici pour en avoir fait l'expérience)


J'avance ...


Je pose aussi le dessous de la robe pour avoir une référence de la teinte foncée (du noir. Noir foncé même)


Les derniers coups de volants. Il fait trop chaud. Mes jeux de mots sont moyens.


Premier jet de fond ! Alors attention pour cette étape car les pigments, comme tout le reste, subissent les lois de la gravitation (j'irai bien dessiner dans l'ISS, mais je sens que les autres astronautes vont se plaindre la poussière ... c'est évident ce qui m'arrête). Donc il faut tourner le dessin pour dessiner le noir des zones les unes après les autres en ayant la partie déjà dessinée au-dessus de la zone noircie. C'est du pastel noir Rembrandt puis du fusain naturel appuyé pour bien faire rentrer les pigments dans les granulosités du papier. Je rajoute des nuances bleus (histoire de réagir avec le rouge. D'autant plus que le bleu donne une sensation de recul qui fait artificiellement apparaître le fond plus loin qu'il ne l'est et donne une sensation de relief)


Je pose le sol, sans oublier de faire les reflets de la bata. Pour ça, je ne peux pas me fier à la photo qui a été faite au même niveau que le plancher (donc on ne le voit pas). Je reprends les teintes (ou presque) symétriques par rapport au sol pour faire les reflets et je noie le tout au fusain naturel. Tous les mouvement de dessin se font horizontalement ici.


Je retouche maintes fois le sol et les reflets ... et je retouche maintes fois l'oeil gauche qui est à droite ... je crois que ça y est ;)


J'ai l'impression que ça a duré un certain temps alors que ça m'a pris moins de 3 mois en fait !

à bientôt ;)





dimanche 5 septembre 2021

Olé, con una bata de cola y un mantón

 Je reste un peu dans le même thème ... d'après une photo du photographe Espagnol Paco Lobato (paco_lobato_ sur instagram) représentant la bailaora Maria Moreno (avec leurs aimables autorisations - on peut voir la photo originale ici).

Je commence sur un Canson mi-Touch format raisin gris ardoise (qui sortira quelques fois en sépia sur les photos ...). Je commence par reporter le dessin sur le papier comme je fais souvent, avec du rhodoïd sur lequel j'ai reporté la photo à l'échelle du dessin final. Je travaille avec des crayons fusain. Je ne reporte pas le bas de l'image parce que je me connais ... le temps d'y arriver, le bas du papier aura été effacé ou recouvert de coulures de pastel ...


Premiers coups de pastel (Rembrandt), assez grossiers.


J'affine. Dès qu'on met les cheveux, ça prend une dimension différente


Avec quelques détails en plus, notamment au crayons pastel (Faber Castell) et au fusain naturel. On peut noter le gribouillis noir à gauche qui est l'endroit où j'ai "aiguisé" le fusain naturel pour qu'il soit le plus fin possible pour faire les yeux.


Je redessine les fleurs du châle (sans rhodoïd, juste avec la photo à la bonne échelle sous les yeux) puis c'est ambiance coloriage ;). Je commence par les couleurs des fleurs. Les coups de pastels à gauche correspondent à des essais de couleurs.


Un peu de pastel noir et de fusain naturel pour faire ressortir les contrastes.


Je poursuis avec la robe. Alors, j'ai simplifié les motifs. En effet, il y a deux couches de tissu : une couche extérieure avec des ronds (lunares) violets sur fond blanc et une couche intérieure (qu'on voit par transparence) qui doit être inversée ...


Avec la main et les frous-frous.


Je poursuis avec la suite du châle (un mantón ... c'est assez difficile à faire. Je parle du mantón en tant que technique de flamenco, pas du dessin, surtout que toute la dextérité doit être dans la main droite. Pas évident quand on est gaucher. Il faut noter que ça produit aussi pas mal de bruit quand on le manipule. Le bruit que fait la cape de Batman, c'est pas du bluff ! C'est effectivement le son qu'on entend quand on manipule un mantón). Alors bonne surprise à ce stade : je fais le fond en pastel noir, puis je passe au fusain naturel et j'utilise des pastels gris foncé pour le "noir clair". Pour la partie dentelle au crochet, j'ai fait les motifs en suivant les coutures (pour les gros trous) ou en faisant du pointillisme (pour les petits trous) avec du gris moyen foncé et du gris moyen clair ... et ça rend étonnamment bien !



Je poursuis le bas, avec les franges (les flecos)


Je fais le dessin du début du bas de la robe (cadrage différent ... désolé) ...


... que je commence à mettre en couleur. La teinte violette des lunares est très intense et très dense : le pastel utilisé est de la marque Sennelier.


Suite du dessin de la robe (re-désolé pour le cadrage)




Je rajoute la chaussure qui semble dans les mêmes tons que la fleur. En réalité, elle est beaucoup plus sombre (la chaussure). Je suis assez content de mon retour de lumière dans l'obscurité des frous-frous et d'avoir rajouté du vert dans l'ombre. Mais bon, je n'ai rien inventé, c'est sur la photo d'origine, même si j'ai peut-être un peu plus exagéré les nuances.


Je pose le fond noir (pastel noir et fusain naturel) ...


Après correction du fond (avec du fusain naturel plus large ce qui permet d'avoir un noir plus homogène), j'ai aussi remonté un peu les lumières dans le robe (avec du blanc pur) et rajouté des lumières oranges et roses sur le bras.


Et voilà, je crois que c'est fini ! J'ai plus qu'à l'encadrer ;)


jeudi 25 février 2021

Ola, le retour à Vera Cruz

Petit projet que je pensais faire rapidement pour un cadeau, mais qui a duré plus longtemps que prévu ;)

J'ai voulu reproduire un dessin que j'avais déjà fait, à savoir une danseuse de Flamenco avec un bata de cola magenta, dont le premier dessin a été fait il y a 4 ans en m'inspirant d'une photo de Juanjo Zárate (voir ici)

J'ai reportée la photo à l'échelle du dessin final sur un rhodoïd pour aller plus vite, ce que j'ai reporté ensuite sur papier (un Canson Mi-Touch gris adroise coupé en deux. Je vise un format 30 x 40 cm et j'ai fait le cadrage en tenant compte des lignes de forces situées au niveau du nombre d'or du cadre final).

Les traits principaux sont faits au crayon fusain, la partie dentelle avec un crayon fusain blanc.


Ensuite, j'ai commencé à essayer de repartir de la photo originelle pour les couleurs ... ça revient à refaire tout le travail de choix de palette chromatique que j'avais déjà fait il y a 4 ans. Finalement, je me suis inspiré de mon dessin. Ca va un peu plus vite pour la recherche des nuances. Travail au pastel sec Rembrandt comme à l'accoutumée. Le noir fait intervenir du fusain naturel (des branches de saules transformées en charbon) qui permet aussi de pousser le pigment du pastel noir dans la granulosité du papier. Depuis la dernière fois, j'ai des nuances de ton chair en plus à mon arc dans ma poche.


Je commence le blanc. Je me rappelais que j'avais principalement utilisé des nuances très claires de bleus (outremer et outremer foncé).


Je me rappelais aussi que la dentelle dans l'ombre était principalement représentée en violet ...



Je commence à faire apparaître des reflets de la future robe (bata de cola) dans les "blancs" (qui sont bleus). Il y en a aussi dans les frous-frous de la manche du bras gauche (le bras à droite)



Début de la bata. Là aussi, je fais appel à mes souvenirs : j'avais utilisé trois nuances de magenta (Rouge Violet 545 chez Rembrandt). Surprise ... ça ne semble pas être la même couleur que sur mon tableau de référence ... en fait, la notice Rembrandt précise les durées de vie des pigments. Et ce pigments a une durée de vie assez courte (0 à 10 ans en conditions de vie musée. Mon tableau initial a 4 ans et il a déjà commencé à changer comme on le verra par la suite). Heureusement, j'ai utilisé un seul pigment dans différentes nuances. Donc tout a changé de manière homogène et sans comparaison avec du pigment neuf, one ne se rend pas compte que le magenta a orangi (du verbe "orangir"). J'utilise aussi du fusain pour aller chercher des nuances encore plus sombre. J'ai testé quelques couleurs de crayons pastel pour rentrer dans les détails (Faber Castell et Caran d'Ache), mais les nuances ne me convenaient pas.




Première version du fond, au pastel noir et fusain naturel (un grand classique)


Version finale. J'ai prolongé un peu la couleur du fond sur la droite pour m'accorder avec le cadrage final. J'ai repris un peu le bleu autour du haut du corps. Le bleu a deux avantages : primo, il permet de détacher les cheveux du fond pour qu'on les distingue bien ; deuxio, le bleu donne une sensation de profondeur. Ce qui est bleu semble plutôt plus loin que le dessin, ce qui est blanc (ou jaune) semble plutôt plus près. En plus il y a une raison physique (une histoire d'indice de réfraction du cristallin qui force la convergence de l'œil sur les bleus plus loin que les vrais objets - si vous êtes motivés, vous pouvez rechercher un article de "pour la Science" très intéressant sur le sujet ;))


collection particulière

Et voilà la comparaison des deux tableaux. On voit bien que le magenta du dessin de départ a changé de teinte ...


Et voilà ;) 

Les photos ont été faites avec un téléphone portable ce qui explique qu'elles soient éventuellement de qualité un peu réduite.