mardi 12 mai 2015

La Baronne de Crussol

Et c'est parti pour mon premier projet perso, réalisé de mon côté ...

Il s'agit d'un tableau que j'aime beaucoup : La Baronne de Crussol, d'Elisabeth Vigée-Lebrun, qui est exposé au Musée des Augustins de Toulouse.

Alors, j'ai commencé par télécharger une photo que je croyais bonne (ici), mais qui s'est avérée très fausse en couleur ...

Je suis allé avec l'iPad au musée prendre des photos et corriger les contrastes et les couleurs (un peu à la ouanagaine ...) pour avoir quelque chose de plus ressemblant. Il faut savoir que par rapport à ce qu'on peut voir au musée, le tableau est en réalité beaucoup moins sombre ... en fait, le tableau a été prêté à un musée Japonais début 2011 et pour l'occasion, la cadre a été changé et un verre de protection a été installé ... alors, déjà, le cadre est sombre, mais en plus, le verre bouffe toute la lumière du tableau ...

Bref, voici ce que donne l'original photographié au musée par mes soins ...


Comme je vais bosser tout seul, je n'aurais personne pour me corriger si le dessin déconne ... du coup, je travaille "au carreau" pour reporter les différents détails ... 

J'ai choisi un papier Mi-Touch Canson couleur "crépuscule", c'est à dire un violet gris pas trop violent ... je commence le dessin au fusain naturel pour placer les éléments.


Je vais présenter l'évolution d'ensemble, je m'attarderai sur le visage dans un second temps, même si c'est ce que j'ai fait en premier.

Je commence par travailler aux pastels Rembrandt, qui sont durs certes, mais que j'aime bien. 
J'ai aussi acheteé30 crayons pastels Faber-Castell concernant les teintes dont je pourrais avoir besoin pour le visage ... honnêtement, je les ai presque tous utilisés (sauf 2 ou 3 ...).

Pour les rouges, j'en ai acheté toute une palanquée ... et comme je suis particulièrement attentif, j'ai une couleur en triple ! ...





J'ai eu peur que la poudre de pastel aille polluer le visage, alors j'ai mis une "bâche" de protection en papier de riz ... en fait, c'était inutile, mais le papier de riz a été bien pratique par la suite pour pouvoir poser la main sur le dessin sans l'esquinter pour faire les trèèèèèès nombreuses retouches que j'ai pu faire sur le visage ...



J'attaque le noir ... comme déjà utilisée pour la petite fille (voir ici), j'ai fait appel à la technique qui consiste à utiliser du fusain naturel sur le pastel noir pour avoir un meilleur pouvoir couvrant et un noir plus doux et légèrement plus chaud.


Les reflets sur le col en velours sont faits au pastel gris-bleu foncé, retravaillé au fusain naturel.



La mise en place du bouquin de partition ... oui, après avoir passer trois semaines le nez sur le dessin, je suis arrivé à une conclusion essentielle : la Baronne de Crussol chante ...

Notez que j'ai aussi "réchauffé" les rouges en intégrant des teintes plus orangés, notamment dans la lumière, pour remplacer les roses que j'avais utilisés. J'ai fait cette correction après une nouvelle visite au musée, avec l'iPad sous le bras et j'ai comparé ce que j'avais déjà fait avec le résultat attendu ...

On peut noter aussi que j'ai refait un partie du visage (nez et bouche) ...


Mise en place du mobilier ...


Et du fond ... je suis parti sur des teintes gris-verts pour me rapprocher du tableau ... à noter que les gris-verts Rembrandt sont tout sauf durs ! ... j'ai fait les portées de la partition en retournant le dessin pour pouvoir appuyer ma main sur le fond gris qui n'était pas encore pastellisé à ce moment ...



Et voilà où j'en suis avant ma séance de gymnastique ...


Question : comment faire pour d'une part refaire la partition (les portées ne sont pas assez parallèles, on a une trop grande impression de profondeur quand on regarde la page du bouquin) et la remplir ?

Alors je n'avais pas encore développé la technique de sioux qui consiste à mettre un morceau de papier de riz sous sa main pour pouvoir travailler au crayon pastel et je ne connaissais pas encore la technique de la "canne à dessin" non plus ... alors j'ai mis le dessin par terre, entre plusieurs piles de BD (dont je veux me débarasser d'ailleurs ...), j'ai mis la planche par-dessus et je me suis allongé dessus pour travailler par terre ...


Et voilà le résultat avec la partition remplie et les lignes de portées remises d'aplomb ... ce n'est pas la même partition que sur le tableau original, j'ai préféré innover ... comme les paroles ne correspondent pas à la musique, j'ai dû sortir le piano (électrique) pour pouvoir préparer le dessin ...


J'ai remis ça pour faire les dentelles ... (allongé par terre, pas le piano)


Et là, je me suis dit que c'était pas possible, qu'il fallait que je réagisse ... alors j'ai repris un grosse partie du visage ... (yeux et bouche principalement et j'ai affiné l'arrête du nez et la joue dans l'ombre) ...


Là, je pensais le dessin fini, mais il y avait quelques zones entre les couleurs (au niveau de l'épaule de devant par exemple) où les transitions entre couleurs laissaient apparaître la couleur du papier de manière trop visibles ... donc j'ai repris ça ...



Et j'ai fini par reprendre l'oeil dans l'obscurité et j'ai "réchauffé" le front ...






Un petit zoom sur l'évolution du visage ...

Après la phase pastel uniquement, avant de sortir les crayons pastels ...


A partir de là, les crayons pastels sont utilisés de manière intense ...




Début de retouche, en reprenant le nez (que j'ai redescendu de 4 mm je crois) et la bouche ...





Et de nouveau la version finale avec la joue dans l'ombre retouchée, les yeux refaits, la bouche reprise, le nez affiné ...



Alors, ça n'a pas été de tout repos, ça m'a pris une cinquantaine d'heure (je pense) réparties sur 3 semaines (dont une de vacances où je n'ai fait à peu près que ça et du Flamenco ... héhé). Le fait de travailler à la maison et non dans le cadre d'un atelier avec des horaires précis et fixes est super intéressant ; j'ai fait des séances de durée très variables, entre 3 minutes et 4 heures d'affilée selon les moments, l'humeur, la motivation et l'idée des évolutions à apporter (surtout sur le visage ! ... ce n'est pas exactement la Baronne de Crussol, mais il y a un moment où il faut savoir s'arrêter ...)

Au final, j'ai énormément utilisé l'iPad pour comparer avec les photos que j'avais faites au musée (chaque zone du tableau, avec un ré-équilibrage des couleurs et des contrastes - toujours à la ouanagaine ...), ou en allant au musée avec les photos de mon dessin pour voir les zones que j'aurais zappées (j'avais oublié des ombres et des lumières dans la robe ... j'ai pu corriger du coup !) ou pour avoir des réponses à des questions du genre "tiens, quelle couleur elle a utilisée pour tel ou tel reflet ?", "comment elle a géré le coin de l'oeil dans l'ombre ?", "est-ce qu'il n'y aurait pas des nuances dans le fourrure noire ?", "et l'ongle, il est de couleur unie ?" ...

et voilà ...



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